Alcidés, Alca ou Uria?
Guillemot litigieux, Possible guillemot de Brünnich?
Lors d'un voyage que j'ai entrepris sur les Iles Lofoten, dans le nord de la Norvège, en juillet 2012 (article général à venir), j'ai prospecté les nombreuses grandes plages que l'archipel présente sur sa côte nord-ouest, à la recherche de plumes d'oiseaux pélagiques, venus du grand large. Sur la plage de Kvalvika, sur l'île de Moskenesoy, je ramasse le reste d'un oiseau mort. A première vue, il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un alcidé. Seules les deux ailes de l'oiseau sont présentes.
Reste d'un alcidé sur la plage de Kvalvika, Lofoten, Nordland, Norvège, le 22 juillet 2012
Aile droite de l'oiseau en question, face externe
Aile droite face interne
Face interne d'un Pingouin torda. Noter la teinte nettement plus sombre.
Oslofjord, Oslo, Norvège, 17 novembre 2007.
L'identification de cet oiseau s'avère délicate, après examen. Trois espèces d'alcidés peuvent potentiellement correspondre à cet individu : le Pingouin torda Alca torda, le Guillemot de troïl Uria aalge et le Guillemot de Brünnich Uria lomvia. Le Pingouin torda peut être écarté grâce à l'examen de la coloration du rachis des primaires les plus externe, noire chez les pingouins, blanche chez les guillemots :
Détail des rachis externes de l'individu trouvé à Kvalvika, Lofoten. Noter la coloration blanche.
Détail des rachis externes d'un Pingouin torda. Noter la teinte nettement plus sombre.
Oslofjord, Oslo, Norvège, 17 novembre 2007.
Entre Uria aalge et Uria lomvia, il semble par contre difficile de trancher, faute de caractère discriminant. L'oiseau collecté à Kvalvika semble plus sombre et plus grand qu'un guillemot de Troïl « classique », mais ce caractère est peu fiable, d'autant que les Guillemots de Troïl ont tendance à être plus grand et plus sombres dans les régions nordiques.
Comparaison entre une aile de Uria aalge collectée en France (à gauche) et l'aile de l'oiseau trouvé à Kvalvika (à droite). Noter la teinte plus sombre et la taille plus grande de l'oiseau de Kvalvika, critères peu fiables.
L'oiseau de Kvalvika présente également des axillaires totalement blanches, mais ce critère n'est pas suffisant pour établir qu'il s'agit de Uria lomvia, Uria aalge pouvant aussi parfois présenter des axillaires toutes blanches.
Détail des auxillaires de l'oiseau de Kvalvika. Noter la teinte blanche.
Il est donc difficile de trancher entre Uria aalge et Uria lomvia, dans l'état de nos connaissances actuelles. Le Guillemot de Brünnich ne peut être écarté, car de nombreux éléments semblent y correspondre, mais une telle identification nécessiterait de meilleures critères déterminants, d'autant que l'espèce reste anecdotique dans l'archipel des Lofoten. Tous les commentaires de la part des visiteurs sont les bienvenus.
Détail de la partie distale des secondaires. Noter la répartition inhabituelle du noir, qui s'étend jusqu'à l'extrémité de la plume, en son centre.
Grandes couvertures primaires.
Grandes couvertures secondaires.
Détail de secondaires externes.
Secondaires externes, face interne.
Détail de secondaires internes
Aile de Guillemot de troïl, oiseau immature, Oslofjord, Norvège
Détail des secondaire d'un Pingouin torda. Le large bord blanc sur les parties distales indique un oiseau adulte.
Oslofjord, Oslo, Norvège, 17 novembre 2007.
Photographies: Silvère Jarrosson, Éric Roualet
Silvère Jarrosson